Le développement de l’oralité du bébé commence in utéro puisque celui-ci boit plusieurs millilitres de liquide amniotique chaque jour. Son reflexe de succion est mature dès la fin de la gestation et il est possible de le voir sucer son pouce ou le cordon ombilical. Les autres sens, comme le toucher, l’odorat, la vue et l’ouïe se développement aussi in utero.
Ainsi dès la naissance bébé est un expert sensoriel et un expert doté de différents réflexes pour pouvoir s’alimenter.
A la naissance l’alimentation lactée quelle se fasse au sein ou biberon est liée à la motricité réflexe. Rentre en jeu le reflexe de succion bien sûr mais aussi le réflexe de fouissement, le réflexe des points cardinaux, le réflexe nauséeux etc. On parle de motricité réflexe ou automatique car les actions comme ouvrir grand la bouche ou la coordination succion, déglutition, respiration se font automatiquement.
Petit à petit le cerveau du bébé mature, les réflexes disparaissent vers 4/5 mois et apparait la motricité volontaire. C’est la première transition que bébé rencontre dans le développement de son oralité. Entre 4 et 12 mois le bébé va naturellement porter les choses à la bouche que cela soit des choses alimentaires ou non c’est l’étape du main bouche qui lui permet de développer son oralité et ses compétences.
Nous vous recommandons de proposer à votre enfant les balles sensorielles en caoutchouc écologique, les boules à mâcher Ogobolli et les hochets sensoriels à ventouses.
Ensuite vient la grande étape de la diversification alimentaire qui peut être commencé à 4 mois révolus.
A 4 mois, on peut commencer la diversification par des purées lisses. Le bébé effectue des mouvements antéro postérieurs avec la langue.
A partir de 6 mois et dès que bébé tient bien assis (avec un bon contrôle postural), il est possible de présenter des morceaux. En effet bébé peut effectuer des mouvements d’écrasement au palais avec sa langue, il peut donc manger des morceaux fondants. Il est conseillé d’introduire les morceaux de façon précoce c'est-à-dire au plus tard entre 9 et 12 mois. Bébé est compétent pour manger des morceaux très tôt notamment parce qu’il est protégé par le reflexe nauséeux (de timing). C’est un des 7 réflexes, il protège les voies aériennes de l’étouffement lorsqu’un morceau est trop gros ou va trop loin en bouche. Grace au réflexe bébé va recracher le morceau et simplement le mastiquer à nouveau.
Pour la diversification alimentaire, nous vous conseillons la cuillère Ark lisse, la cuillère Ark texturée.
Selon les compétences du bébé et les choix parentaux, il est possible de faire une diversification progressive en faisant évoluer le gradient de texture avant le passage aux morceaux, soit de passer directement aux morceaux à 6 mois. Il est même possible d’attendre 6 mois pour débuter directement par les morceaux c’est ce qu’on appelle la DME diversification menée par l’enfant. A partir de 9 mois environs bébé peut effectuer des mouvements latéraux de langue, puis vers 12 mois des mouvements rotatoires ce qui permet au fur et à mesure que des compétences oromotrices augmentent de faire évoluer les textures. Par ailleurs les compétences en motricité fine évoluent aussi et on peut réduire la taille des morceaux.
Il est important de rappeler que jusqu’à 12 mois l’aliment principal de l’enfant qui lui permet de bien grandir et de développer son cerveau c’est le lait.
Aussi jusqu'à 12 mois la diversification reste secondaire, il s’agit essentiellement d’une découverte sur le plan sensoriel et moteur. Même si le bébé est un expert sensoriel à la naissance, l’alimentation peut être un grand défi pour certains enfants et leur famille. Lorsque les difficultés perdurent dans le temps on parle de trouble de l’alimentation en pédiatrie ou TAP. Les difficultés peuvent apparaitre dès la naissance ou lors des grandes étapes citées ci-dessus : passage à la motricité volontaire, passage à la cuillère, passage aux morceaux).
Le trouble de l’alimentation se défini souvent par le refus de manger certains groupes d’aliment, certaines textures, certains solides ou liquides pendant une période d’au moins 15 jours, entraînant une perte de poids, de croissance ou un retard de développement.
Il peut se manifester par :
- un dégoût ou un nauséeux exacerbé
- une sélectivité alimentaire important
- un refus des morceaux
- un refus de certaines textures ou parfois même de couleur, forme.
Les causes peuvent être variées, on distingue les causes :
Organiques ou anatomique : exemple, reflux gastro œsophagien, sténose etc.
Neurologiques : exemple trouble de la déglutition dans le cadre de pathologie neurodégénérative
Sensorielles : hypersensibilité ou hyposensibilité mais il peut aussi s’agit d’un trouble de la discrimination
Comportementales
Pour traiter les troubles de l'oralité et de l'alimentation nous vous conseillons la
Z-Vibe ainsi que l'ensemble de ses accessoires que vous trouverez dans la collection Motricité Bucco-Maxillaire.
Ainsi on décrit plusieurs signes d’appel qui peuvent faire penser à un trouble alimentaire pédiatrique :
- Difficulté lors de la prise des liquides
- Cassure de la courbe de poids
- Absence de main bouche non alimentaire ou alimentaire
- Pas de plaisir alimentaire
- Agitation – problème de comportement type évitement ou pleurs
- Nausées / vomissements
- Refus de certaines textures ou certaines catégories d’aliment
- Refus dans les transitions (passage cuillère, morceaux etc.).
Selon la cause, il sera important de compléter le bilan en alimentation par un bilan sensoriel approfondie.
Le bilan en ergothérapie permet de savoir si l’enfant a un trouble du processus sensoriel et/ou un trouble de la discrimination.
Dans le cas des troubles du processus on distingue 3 profils :
hyperréactivité (hypersensibilité), hyperréactivité (hyposensible) ou recherche sensorielle.
L’enfant hyperréactif a son système sensoriel qui surréagit. Il faut peu de stimulation pour avoir une réponse aux stimuli sensoriels et la réponse ne sera pas appropriée mais trop forte ou trop intense. Par exemple, l’enfant ne tolère pas une miette, il surréagit et peut avoir un nauséeux sensitif.
L’enfant hyporéactif a son système sensoriel qui ne réagit pas suffisamment. Il faut beaucoup de stimulations pour obtenir une réponse et réagir de façon adaptée à la situation. Par exemple, l’enfant ne réagit pas aux morceaux mis en bouche, il le garde sans le mastiquer.
L’enfant en recherche sensorielle a son système sensoriel qui est toujours en demande. Il n’y a jamais assez de stimulation. Le comportement est perturbé par cette recherche constante. Par exemple, l’enfant porte tout à la bouche et mastique les petits objets.
Selon le profil il faudra adapter la thérapie et apporter la bonne dose de stimulation pour ne pas faire surréagir le système sensoriel ou au contraire lui permettre de répondre de façon adaptée.
En conclusion, l’alimentation et le développement de l’oralité se fait progressivement et ce dès la naissance. En effet bébé est un expert sensoriel et moteur. La diversification alimentaire bien que très importante est secondaire d’un point de vue nutritif jusqu’à 12 mois. Aussi prenez le temps de découvrir, sentir, toucher, goûter avant d’augmenter petit à petit les quantités. Dès lors qu’une difficulté apparait et qu’elle s’installe n’hésitez pas à consulter un ergothérapeute et/ou un orthophoniste qui pourront vous accompagner vous et votre enfant.
Un grand merci à Clémentine LUZU ergothérapeute en périnatalité et monitrice de portage, pour cet article. Clémentine est spécialisée dans la prise en charge du bébé et du jeune enfant.