Crise d'angoisse chez une personne autiste - Conseils crise autistique - Jilu

Crise autistique : la comprendre pour mieux l'accompagner

Crise autistique : la comprendre pour mieux l'accompagner

La crise autistique… une bien vilaine locution pour désigner une situation de grande souffrance vécue par une personne autiste. Que se passe-t-il au juste dans de tels moments, pourquoi ces épisodes surviennent-ils et comment calmer une personne autiste en crise ? On fait le point sur ces moments qui assombrissent la vie des enfants et adultes autistes, pour permettre à leurs proches et aux professionnels de santé de les accompagner au mieux.

Comprendre la crise autistique

Définition

Vue de l’extérieur, la crise autistique est une réaction souvent soudaine et parfois impressionnante subie par un enfant ou un adulte autiste en situation de surcharge sensorielle ou émotionnelle. Quand on dit subie, c’est subie : l’intéressé.e n’a rien décidé et ne contrôle plus rien.
Ces « accès » se manifestent par des comportements significatifs, tels que des cris, pleurs, parfois auto-agression ou encore, un repli sur soi complet.

Au-delà d’une « réponse » à un contexte donné, il est vraiment important de comprendre qu’il s’agit d’un mécanisme de régulation (involontaire et incontrôlé, on ne le dira jamais assez). L’autrice et illustratrice autiste, Élise Couval en parle ainsi :
« C’est ok d’avoir un effondrement, c’est notre fonctionnement. Notre cerveau a trop accumulé, il est saturé et il n’arrive plus à traiter les données. Pour aller bien, on doit vider notre trop plein en pleurant ou en s’énervant. »
Autrement dit : ces moments font partie de la vie des personnes atteintes de troubles du spectre de l’autisme (TSA). Plutôt que de chercher à les éradiquer, mieux vaut les accepter et apprendre à les gérer au mieux.

La crise autistique n’est ni une crise d’angoisse ou de colère, ni un burnout autistique

Si l’attaque autistique peut ressembler à une crise d’angoisse et / ou à une crise de colère, l’origine en diffère complètement : c’est peut-être un détail pour vous, mais ce point est particulièrement important pour bien comprendre ce que sont les crises autistiques.

😨 Ce qui provoque la crise d’angoisse est la peur (pardon si on enfonce des portes ouvertes ;) : l’appréhension, l’anticipation d’une situation que la personne autiste redoute (prendre l’avion, partir en vacances), parfois le dégoût (un animal, un bruit de mastication).
😡 Ce qui provoque la crise de colère est la frustration : l’incapacité à se faire comprendre, à mener à bien une tâche, à comprendre ce qu’on attend d’elle, etc. Trop de masking (ces situations où la personne atteinte de TSA prend sur elle pour s’intégrer et cacher son désarroi, soit par peur d’être jugée, soit pour ne pas importuner ses parents) peut conduire à un accès de colère.
🤯 Ce qui provoque le burnout autistique est la pression sociale ressentie par l’adulte ou l’enfant autiste qui essaie de s’adapter à un environnement insuffisamment inclusif.
😩 Ce qui provoque la crise autistique est la saturation, une surcharge émotionnelle et sensorielle (on va y revenir). À l’origine de cette propension à saturer, un trouble du neurodéveloppement qui affecte le cerveau. Les personnes atteintes du Trouble du Spectre de l’Autisme (TSA) gèrent différemment les stimuli par rapport à un cerveau « normal ». Confrontées à des situations foisonnantes émotionnellement ou sensoriellement, elles ont alors besoin de faire des pauses pour permettre à leur cerveau de digérer à leur façon toutes ces informations. Et quand la pause n’est pas possible, le trop plein peut aboutir à… un effondrement.

Les différents types de crises autistiques

En situation de stress intense, la personne atteinte du Trouble du Spectre de l’Autisme (TSA) pourra avoir deux comportements d’allures opposées : mêmes causes, mais pas les mêmes effets. Dans le premier cas, la personne autiste se replie sur elle-même. Dans le second c’est l’inverse, cela explose vers l’extérieur. Parfois une crise succèdera à l’autre 😢.

Le Meltdown ou effondrement autistique

L’effondrement autistique est comparable à une cocotte-minute privée de sa soupape. Dans cette situation, le corps et l’esprit de la personne atteinte du TSA lui échappent. Elle devient physiquement et verbalement violente, incohérente. Agressée par les stimuli quels qu’ils soient, submergée par ses émotions, elle perd totalement le contrôle de ce qu’elle dit, de ses gestes et de ses actions : pleurs, cris, fuite, balancements, effondrement au sol…

Le Shutdown ou repli autistique

Largement décrit par les personnes autistes elles-mêmes, le shutdown désigne la situation dans laquelle le cerveau se « déconnecte » de lui-même, afin de se protéger. Un peu comme le disjoncteur d’un compteur électrique.
Concrètement la personne se referme totalement, ne parle plus, ne vous écoute plus, ne bouge plus ou si peu. Son cerveau implore le calme et la paix.

Pourquoi une crise autistique survient-elle ? Les facteurs déclencheurs

Alors, de quelle nature sont ces fameux stimuli problématiques, qui font pourtant partie de la vie de tous les jours ? On peut les trier en deux grandes familles : sensorielle et émotionnelle.
Ce sont à la fois l’intensité, la durée et leur accumulation (plusieurs stimuli de front) qui vont provoquer une crise autistique. C’est un peu comme si l’enfant ou l’adulte autiste devait en permanence tenir bon face à l’assaut de vagues d’informations. Lorsqu’arrive une vague plus grosse ou si le rythme des vagues accélère… la digue finit par lâcher.

La surcharge sensorielle :

Cette saturation est provoquée par un excès de : bruit, lumière, mouvement (de foule), odeurs, informations en tout genre.
À cela peut s’ajouter une fatigue physique qui laisse le corps à vif, hypersensible au toucher, au bruit, à la chaleur, etc.

La surcharge émotionnelle :

Trop d’interactions sociales ; des situations provoquant de l’incompréhension (cognitive ou sociale) ; la perte de repères du quotidien (parce qu’on est en vacances, que l’on a changé d’école ou de médecin, etc.) ; trop de masking ; etc.
Là encore, la fatigue viendra exacerber le ressenti et l’inconfort de la personne atteinte de trouble du spectre de l’autisme.

Prévenir la crise autistique 

Comment alors éviter ces moments physiquement et émotionnellement éprouvants pour l’enfant / adulte autiste, et qui laissent son entourage impuissant ? Deux clefs.

Contrer les facteurs déclencheurs

Puisque vous avez lu attentivement ce qui précède, vous avez mis le doigt sur ce que peut ressentir votre proche atteint d’autisme. Vous voici en mesure d’identifier vous-même si un contexte peut être propice à une surcharge en fonction de son spectre d’autisme, de son caractère et de son état de fatigue.

- Le bruit vous semble inhabituellement élevé, proposez de mettre son casque anti bruit.
- Il y a trop de monde, trop d’odeurs… proposez de s’éloigner un moment pour reprendre de l’énergie.
- S’il n’est pas possible de se mettre en retrait, faites savoir que vous êtes là si cela ne va pas, que la situation ne va pas durer : un timer, des jeux anti stress et des fidgets pourront utilement faire barrage aux stimuli et aider l’enfant à entrer dans son monde.

Quelques exemples, de casque antibruit, timer ou fidget... pour adulte comme pour enfant :

Casque anti bruit - Jilu
Timer - Jilu
Fidget Chaine - Jilu
Fidget en bois - Jilu
Casque anti-bruit Timer Fidget Chaine Fidget en bois

Reconnaître les signes et les symptômes

Les signes annonciateurs de l’effondrement ou repli autistique sont les suivants : surcharge sensorielle (rejet du contact physique, du bruit, de la lumière) ; troubles respiratoires ; tensions musculaires et nervosité (crispations, spasmes, etc. ) ; dysrégulation thermique (la personne va avoir chaud ou froid) ; palpitations cardiaques ; balancements du corps ; maladresse ; regard vide (dissociation)...

Constatant une agitation liée à l’un des symptômes ci-dessus ou un repli sur soi, questionnez votre enfant ou votre proche atteint du TSA afin de lui demander comment il se sent et si la situation l’incommode. Il peut ne pas avoir conscience de la crise qui monte : aidez-le à en repérer les signes pour agir à temps.

Psy_autisme détaille précisément ce que ressentent les personnes autistes lorsqu’elles commencent à saturer sérieusement :
👉 Comment et pourquoi repérer les signes annonciateurs d’une crise autistique  

Faire face à une crise autistique

Comment calmer une personne autiste en crise ?  Voici votre mantra ou théorème :

- puisque le repli et l’effondrement autistiques surviennent en raison d’une saturation face aux stimuli,
- alors toute action extérieure (aussi bienveillante soit-elle) qui ajoute de l’information risque d’aggraver la situation,
- donc : adaptez votre communication en conséquence et soyez minimaliste.

😉Exemple vraiment ballot, mais tellement humain : interpeller l’enfant qui fait un meltdown pour lui demander de se ressaisir. Ce faisant :
- vous lui donnez une consigne supplémentaire alors qu’il ne parvient déjà plus à absorber les informations qui l’entourent,
- vous lui mettez la pression avec une injonction irréalisable, puisqu’il n’est plus en mesure de se contrôler intellectuellement et émotionnellement (on se répète ?)
- vous ajoutez à sa culpabilité (et bim, un 3e stimulus de plus)…
Autant demander à un pilote automobile de freiner alors que ses freins ont lâché.

Prendre conseil auprès des autistes eux-mêmes :

Il y a mille et une formes de troubles du spectre autistique. De l’autiste au syndrome asperger à la personne atteinte de déficience intellectuelle, la conduite à tenir ne sera pas la même.
Alors, pour calmer une personne autiste en plein meltdown / shutdown, le mieux est encore de lui demander ce qui convient le mieux : en parler dans un moment de calme (hors crise) et, lorsque la crise est là, demander ce qui pourrait l’aider. Selon son handicap et l’intensité de l’effondrement, elle ne sera pas toujours en capacité de vous répondre. Peu importe, montrez que vous êtes là sans intrusion.

Deux exemples :
- Certains auront besoin de contact « dur » (ils auront tendance à donner des coups, chercher des points de compression, peut-on lire sur l'instagram de  psy-autisme). Une étreinte ou une couverture lestée pourra les apaiser (attention, n’oubliez pas que la saturation est aussi sensorielle : toujours demander le consentement avant et prévenir de votre geste). Mais pour d’autres, tout contact physique sera malvenu.
- Dans son livre et sur son compte Insta, Piranhate raconte qu’écouter de la musique ou chanter l’apaise. Pour une autre personne autiste, la musique sera un stimulus supplémentaire et c’est plutôt un casque anti bruit qu’il lui faudra…
👉 Les crises autistiques vues par Piranhate

Le B.A.-ba de l’accompagnement d’une personne en crise autistique :

Il y a tout de même des dénominateurs communs. Lorsqu’un enfant ou un adulte fait une attaque autistique, vous pouvez sans risque :
- Lui proposer de s’éloigner pour se rendre dans un lieu plus calme, plus sombre, plus familier… Chez vous, vous pouvez aménager un espace Snoezelen qui servira de refuge.
- Demandez-lui si elle/il souhaite être seul.e ou si vous pouvez rester auprès d’elle/de lui.
- Informez-la/le de ce que vous allez faire : je vais te prendre par la main, je vais éteindre la lumière, je vais ramasser ton sac…
- Suggérez-lui d’essayer de respirer (pas d’injonction, hein. Montrez-lui comment vous faites).
- Demandez-lui si un objet lui ferait du bien (un doudou, gri-gri, sa balle anti-stress, etc.).

Prenez garde à votre propre comportement et à l’intonation de votre voix : douceur, empathie, zénitude svp. Vous savez désormais que la crise autistique est un phénomène de purge normal, involontaire et incontrôlable. Votre objectif est de faire en sorte que la crise passe en douceur (et, on est d’accord, dans cette situation, le regard d’autrui ne vous importe pas. Ne soyez pas gênés : éloignez gentiment les personnes indésirables à la petite phrase facile).


Vous en savez un peu plus sur la crise autistique et le meilleur moyen de calmer une personne autiste en souffrance.
Lorsque l’épisode est passé, parlez-en afin de mieux comprendre les causes qui ont pu le déclencher, détecter ensemble les changements d’attitude annonciateurs et connaître la meilleure conduite à tenir une fois que la crise est là. Pensez aussi aux équipements ad hoc créés pour aider les personnes atteintes de TSA.
Et si vous avez un retour d’expérience à nous faire, on prend !
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🙏🙏🙏 Pour cet article, nous nous sommes grandement appuyées sur les témoignages d’Anaëlle @Piranhate qui vient de publier « Le guide illustré ultime de l’autisme » (mai 2024) & Élise Couval @vivre.avec.un.tsa : « Vivre avec un tsa. Les troubles du spectre autistique » (juin 2024).

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