Le développement des sens chez le bébé
A la naissance, la plupart des sens de bébé sont fonctionnels. Bébé utilise donc déjà la plupart de ses sens externes pour découvrir le monde : le goût, le toucher, l’odorat et l’ouïe sont fonctionnels. Ces sens vont continuer à s’affiner au fur et à mesure qu’il grandit et qu’il fait des expériences. En revanche, la vision est encore peu mature au moment de la naissance. C’est le dernier sens à se développer. Le champ visuel du bébé est limité. Au delà de 20 cm de son visage il voit encore flou et ne perçoit que les forts contrastes.
L’intéroception, qui est la perception des sensations internes (situer où on à mal, sentir qu’on a la vessie pleine, sentir que l’on inspire/expire…) s’affine également au fur et à mesure que l’enfant s’approprie son corps. La proprioception, qui est la perception de la position de son corps dans l’espace, va se construire au fil des expériences motrices.
Les sens ça sert à quoi?
Chaque organe sensoriel contient des milliers de capteurs qui vont envoyer au cerveau des informations, sur ce qu’il se passe à l’intérieur ou à l’extérieur du corps.
Les sens donnent à l’enfant des informations sur son propre corps
L’enfant va donc percevoir ses propres sensations : j’ai froid, j’ai chaud, j’ai envie de faire pipi… ( interoception) Mais également sa position : je suis assis, allongé… (proprioception).
Les sens donnent à l’enfant des informations sur le monde extérieur (extéroception : sens externes)
Grace à sa peau il va pouvoir sentir si c’est chaud/ froid, c’est dur/moelleux/mou, ça pique/gratte, c’est doux, c’est collant/gluant…
Grace à ses oreilles il va savoir si le son est aigu/grave, le son provient d’une voix/d’un objet/d’un animal, de quelle direction vient le son ? à quelle distance est -il situé ?
Grace à sa vision il saura si c’est un objet /une personne (avec un intérêt pour les visages dans un premier temps avant de percevoir le corps de l’autre dans sa globalité), c'est immobile/en mouvement, c’est loin/proche. Puis, au fur et à mesure l’enfant distinguera les couleurs, les l’agencement des éléments les uns par rapport aux autres ( c’est dessus, dessous, derrière…)
Grace à son gout et son odorat, il saura si c’est sucré/acide/amer/salé/épicé. Au fur et à mesure des expériences il saura reconnaitre les gouts et les odeurs.
Au fur et à mesure de ses expériences sensorielles, l’enfant va donc affiner sa perception de son corps, de l’espace, et de l’environnement. Il va ainsi pouvoir mieux comprendre le monde et situer son propre corps par rapport à cet l’environnement.
Les sens vont également lui permettre d’être en lien avec les autres.
Je regarde l’autre pour interagir avec lui - J’oriente ma tête vers la personne qui me parle - j’écoute et je réponds - je me blotti contre ma maman pour un câlin parce que j’aime sentir sa peau contre la mienne…
Et quand le système sensoriel dysfonctionne
Parfois un ou plusieurs sens ne fonctionnent pas ou mal.
Je suis malvoyant, malentendant… et cela n’a pas encore été détecté. Alors je ne semble pas prêter d’intérêt aux informations visuelles, auditives… mais en réalité c’est parce que je ne les perçoit pas, ou peu.
Parfois, le cerveau n’arrive pas à hiérarchiser les informations sensorielles.
Je prête plus d’attention au bruit de l’horloge qu’à la voix de la maitresse/ je suis obnubilé par la sensation de mon pull qui gratte et je n’ai pas perçu que ma maman m’appelle…
Parfois le cerveau ne gère pas bien la quantité d’informations qui arrivent.
Je suis très sensible à l’environnement sensoriel, toutes les informations auditives, visuelles, tactiles etc me fatiguent beaucoup et parfois, une petite stimulation en trop (un bruit fort, un reflet, une sensation tactile désagréable…) fait exploser la cocotte-minute de mes sensations qui était déjà pleine.
Je suis très peu sensible à l’environnement sensoriel. Je semble peu intéressé par mon environnement car ce que je vois, j’entends, je sens n’est pas assez fort pour que je le perçoive. Il faut faire beaucoup de bruit, beaucoup de mouvement… pour attirer mon attention.
La psychomotricité pour réguler la sensorialité
En psychomotricité, on travaille énormément sur la sensorialité pour :
- Réguler les informations sensorielles
- Les hiérarchiser
- Les intégrer
Cela va aider les enfants à construire leur perception de leur corps et de l’environnement, mais également à interagir avec les autres de manière adaptée.
Pour cela, on utilise beaucoup de matériel sensoriel. Cela permet aux enfants :
- De découvrir de nouvelles sensations, d’ouvrir leur panel de découverte, ce qui viendra enrichir la perception de l’environnement.
- D’apprendre à réguler toutes ces sensations et a se les approprier pour mieux construire la perception qu’ils ont de leur corps.
On pourra par exemple proposer aux enfants de nombreuses expériences Tactiles (balles sensorielles, matières à manipuler, bac sensoriels…)
Auditives (objets sonores…)
Visuelles (hochets contrastés, objets lumineux, …)
Odorantes et gustatives (lotos des odeurs…)
Proprioceptives (sacs lestés, objets vibrant…).
Snoezelen une approche toute particulière
Il est également possible d’aménager un environnement tout particulier, afin de réguler plus finement les stimulations que l’on propose. Cet espace sensoriel, associé au lien de confiance établi avec le patient, permettra de l’éveiller ou de
l’apaiser en fonction de ses besoins.
Généralement, les espaces snoezelen (ou sensoriels) contiennent du matériel pour s’installer confortablement ( poufs, tapis, coussins…) ainsi que des éléments visuels (fibres optiques, colonne à bulle, projecteurs…) sonores (musique, instruments… tactiles (vibrateurs, dalles sensorielles, textures diverses…) olfactifs…
Chaque espace est à construire en fonction des besoins de ses destinataires.
Un grand merci à Fanny MARCHAND, psychomotricienne et monitrice de portage dans les Yvelines (78) pour la rédaction de cet article ! Retrouvez la sur son compte Instagram.